Accident mortel à Guillac: un an de prison ferme
Un article d’Isabelle JEGOUZO pour OUEST FRANCE 1.7.2022
Hier, un septuagénaire a été condamné pour homicide involontaire, à Vannes. Le 17 février 2020, alors qu’il roulait à contresens, il avait percuté un autre véhicule. Une femme avait trouvé la mort.
Un terrible accident de la route s’est produit le 17 février 2020 à hauteur de Guillac. Un automobiliste a pris la voie expresse à contresens et a heurté de plein fouet un véhicule dans lequel se trouvaient deux personnes: une infirmière au bloc opératoire de Ploërmel qui rentrait de son travail et un jeune homme qu’elle avait pris en stop. Sous la violence du choc, le véhicule s’embrase et la conductrice, 51 ans, décède.
Agé de 74 ans, le conducteur a été jugé hier devant le tribunal de Vannes. Cet homme a toujours souffert de problèmes de santé. Victime d’une maladie, il est amputé d’une jambe. Miné par la culpabilité, il explique s’être perdu en rentrant de Rennes ce jour-là. « J’ai longé la voie express avant de pouvoir y rentrer. Je me suis vite rendu compte que j’étais à contresens. J’ai eu très peur. Je n’ai pas pensé à mettre mes warnings et je n’ai pas pu me mettre sur la bande d’arrêt d’urgence ».
Une des filles de la victime a témoigné: « J’ai perdu ma mère mais je ne souhaite pas le malheur à cet homme. Je suis rongée par la tristesse. J’espère que sa mort ne sera pas vaine. A partir d’un certain âge, les gens devraient passer une visite médicale pour vérifier l’aptitude à la conduite‘ ». Pour l’avocate des parties civiles, Me Aubret-Lebas, « ce monsieur n’avait pas l’habitude de conduire. De plus, il ne portait pas ses lunettes. C’est une faute grave et lourde ». La plaidoirie de la partie civile a été extrêmement émouvante, tant l’après-décès a été compliqué pour les deux filles de la défunte, âgées de 20 et 23 ans. « Elles demandent que ce monsieur ne puisse plus jamais conduire ».
La substitut du procureur, Marie Bahuon, évoque « un dossier dramatique et douloureux. Cette audience ne vous ramènera pas votre mère, votre soeur, mais j’espère qu’elle vous aidera à avancer. Des propositions ont été déposées à l’Assemblée Nationale sur le droit de conduire des personnes âgées. Certaines personnes ne doivent plus conduire ». Pour cette magistrate, « il faut trouver une juste peine. Au vu de la gravité, cela passe par de l’emprisonnement et une annulation du permis de conduire de dix ans« .
L’avocat de la défense, Me de la Calle précise: « il est dépassé par les évènements. Il a été surpris par les évènements. Il pèse sa culpabilité tous les jours. Il est en quelque sorte incarcéré à domicile. Ce qui lui est arrivé peut nous arriver à tous. La question de la conduite des personnes âgées est une question sociétale« .
Le tribunal condamne le septuagénaire à trois ans dont deux ans avec sursis. Cette peine sera aménageable avec un bracelet électronique. Son permis est annulé. Il a interdiction de le repasser pendant dix ans et son véhicule est confisqué. Il devra dédommager les victimes.