Article et photo de Christine LE MOING, journaliste pour Le Télégramme, parus le vendredi 11 septembre 2020 :
Meurtre de Melrand : les deux accusés sont condamnés à 30 ans de réclusion criminelle
« Qui a tué la victime ? » La question est restée posée, ce jeudi, avant-dernier jour du procès du meurtre de Melrand. « L’imbrication » du couple accusé est telle que jusqu’au bout, l’un et l’autre ont continué à s’en accuser mutuellement.
Deux coaccusés inébranlables face aux pleurs de la famille de la victime qui à la barre, en dresse le portrait d’un être gentil, généreux, aimant faire la fête, certes aux prises avec les démons de l’alcool. Qui ne réagissent pas quand la jeune sœur de la victime crie sa colère face « aux agissements monstrueux de deux bourreaux qui l’ont découpé comme une pièce de boucher ».
Maître AUBRET-LEBAS, avocate des parties civiles, leur demande une ultime fois, d’avouer « pour apaiser leur douleur et permettre de faire son deuil ». Pour elle, l’extorsion était préméditée. « Monsieur X. ne connaissait pas le monde de la prison, on lui avait dit de se méfier de certaines personnes. Il n’a pas eu le flair et il est tombé dans un piège », martèle-t-elle.
Selon elle, « tous les deux avaient prévu de le dépouiller. ils ont pour traits communs de n’avoir jamais travaillé et de vivre d’argent facile : vols, contrefaçons de chèques, fraudes… ».
Elle affirme ne « croire ni en la version de l’un, ni de l’autre, avec une femme qui dit n’importe quoi et lui qui minimise ». Elle ne partage pas l’avis des psychiatres qui ont conclu qu’elle était « plus manipulable qu’agissant dans la manipulation, alors que ses ex-maris, ex-employeurs et même le maire d’une commune où elle a habité, disent le contraire ».
Elle rappelle aussi les violences déjà commises sur ses deux conjoints et un autre homme, « dans des circonstances similaires ».
Au profil de « suiveur » que Frédéric Catrevaux se donne, l’avocate rétorque qu’en réalité « il est incontrôlable, a toujours vécu dans la violence ». « Alors qui a tué la victime ? » et « qui est à l’origine de ces dix coups de couteau et 17 côtes cassées ? » lance-t-elle.
Finalement, les deux accusés ont été condamnés à 30 ans de réclusion criminelle assortis d’une période de sûreté de 20 ans. Pour Maître AUBRET-LEBAS, « le verdict correspond à ce que mes clients attendaient. Ils sont extrêmement soulagés et satisfaits que les deux accusés aient la même peine ».